Dans le chapitre 3 de l’évangile de Jean, on voit Jésus avoir une discussion avec Nicodème. Cet homme était un membre du parti des pharisiens (courant religieux) et un chef des Juifs. Ils ont une discussion au sujet de la nécessité de naître d’en haut, c’est-à-dire de naître d’Esprit. Jésus dit que sans cette naissance on ne peut pas voir ni entrer dans le royaume de Dieu. En d’autres termes, sans cette naissance on ne peut pas vivre le règne de Dieu sur terre comme au ciel à la manière que Jésus et ses disciples après lui ont démontrée. Nicodème ne comprend pas de quoi Jésus lui parle, ni comment cette « naissance d’Esprit » peut se produire, et Jésus lui dit: « Tu es l’enseignant d’Israël et tu ne sais pas cela! En vérité, en vérité, je te le dis, nous disons ce que nous savons et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage » (Jean 3:10-11 SG21). Le terme original ici pour « avons vu » (en grec ἑωράκαμεν, Horao) signifie non seulement voir avec les yeux, mais aussi voir avec l’Esprit. Le terme original inclue aussi le fait d’être devenu familier avec l’expérience. Il s’agit de parler en connaissance de cause. C’est une connaissance éprouvée, pratique, concrète qui inclut l’expérience de ce dont on parle. Jésus sait de quoi il parle et il le démontre pratiquement par la manifestation du règne de Dieu, c’est-à-dire par les œuvres qu’il accomplit. Pourtant, le témoignage de sa propre vie n’est pas reçu par les chefs religieux, ni par les spécialistes de la Loi. Le terme original pour « ne recevez pas » (en grec lambano) signifie notamment se saisir, prendre, admettre. Nicodème ne sait pas de quoi lui parle Jésus, car c’est quelque chose qui ne fait pas partie de ce qu’il a vu lui-même, ni quelque chose qui fait partie de sa propre expérience. Paul et tous les auteurs du Nouveau Testament savaient, comme Jésus, de quoi ils parlaient lorsqu’ils parlaient de certaines choses de Dieu. Ils parlaient de ce qu’ils avaient vu et de leur propre expérience de ces réalités. Ils ne parlaient pas de ce qu’ils avaient entendu dire par les autres sans que ces choses soient une réalité concrète dans leur vie. Ils ne parlaient pas que d’enseignements théoriques qu’ils auraient eux-mêmes reçus, mais ils démontraient par leur vie et par leurs œuvres ce qu’ils enseignaient. Ils démontraient la véracité de leur enseignement par ce que seule la vérité produit en celui qui croit. C’est pourquoi, ils pouvaient en parler de la manière dont ils l’ont fait. Ils en parlaient avec l’assurance que donne l’Esprit. Car l’Esprit est celui qui produit les réalités dont ils parlent. Ces réalités sont inaccessibles à ceux qui n’ont pas cet Esprit. Il ne s’agissait pas que de théories et de discours intellectuels, le témoignage de leur vie démontrait ce dont ils parlaient. Le fait est que:
On ne peut parler que de ce que nous savons réellement !
Un exemple de cette vérité : quelqu’un qui n’a pas vécu la nouvelle naissance (« naître d’Esprit« ) dont Jésus parle à Nicodème, ne pourra pas parler véritablement sur la thématique de « naître d’Esprit« . Tout au plus, si c’est quelqu’un qui lit la Bible, il pourra en parler avec les descriptifs qu’il peut trouver dans la Bible. Mais il ne pourra pas véritablement comprendre, ni connaître, la réalité et la vérité en ce qui concerne la nouvelle naissance tant qu’il ne l’a pas vécue. Toute l’approche explicative de cette personne pour ce qui se rattache à « naître d’Esprit« , sera dépourvue de la connaissance qui vient du vécu. Une telle personne cherchera naturellement à comprendre les choses par un raisonnement intellectuel modelé sur les principes élémentaires de ce monde. Mais n’ayant pas l’expérience de cette réalité spirituelle, elle ne pourra quasiment pas comprendre correctement les textes bibliques relatifs à ce sujet. Elle ne peut qu’essayer d’imaginer quelque chose qu’elle n’a pas vécu. Elle ne pourra pas connaître la vérité au sujet de la nouvelle naissance, d’autant plus que le Saint-Esprit qui caractérise cette naissance est nécessaire pour être conduit dans la vérité tout entière (cf. Jean 16:13). Car seul l’Esprit de Dieu, c’est-à-dire l’Esprit de Vérité, permet de connaître la vérité au sujet des réalités invisibles, c’est-à-dire les réalités célestes, qui sont rendues visibles dans le monde visible, seulement par le moyen de la foi. On ne peut pas connaître la vérité de ces réalités qui sont invisibles sans la foi, et sans l’Esprit de Dieu. A noter: si une personne, malgré qu’elle ait reçu l’Esprit-Saint, ne cherche pas véritablement à connaître la vérité, sa tendance naturelle sera d’interpréter ce qu’elle trouve dans la Bible uniquement en fonction de sa propre expérience. Aussi, tant que l’expérience d’une personne n’inclut pas l’expérience de ce qui se trouve dans la Bible à ce sujet, elle n’arrivera pas à la connaissance de la vérité dont parle la Bible concernant ce sujet. Elle ne pourra pas en parler en pleine connaissance. Pour l’exemple de la nouvelle naissance, l’absence de l’expérience de celle-ci, amènera pour sûr des explications incohérentes en parlant des textes bibliques qui concernent la nouvelle naissance. Car cette personne parlera de ces textes en les comprenant à travers sa propre expérience qui ne comprend pas la nouvelle naissance. Elle en parlera avec les seules réalités des principes de ce monde visible, alors que la nouvelle naissance implique les réalités du monde céleste qui est invisible, mais dont il est fait mention dans la Bible.
Pour continuer avec cet exemple, en parlant de « naître d’Esprit« , Jésus savait de quoi il parlait. Notamment parce qu’après avoir reçu le baptême de Jean, il a reçu l’Esprit-Saint (Matthieu 3:13-17, Marc 1:9-13, Luc 3:21-22) et ensuite fait l’expérience des réalités du règne de Dieu auxquelles cet Esprit donne accès par la foi. Aussi, il a démontré ces réalités dont il parlait. Jésus était familier avec l’expérience de l’Esprit en Lui. Ses enseignements n’étaient pas juste des hypothèses non démontrées. Il démontrait tout ce qu’il enseignait concernant ce qui est possible par le moyen de la foi dans le monde présent. Un autre exemple, simple et facilement compréhensible pour illustrer les choses : comment quelqu’un qui est aveugle de naissance pourrait-il parler de tout ce qui est en lien direct avec la vue? Il pourra essayer de s’imaginer les choses. Il pourra se représenter certaines formes dans son imagination, celles qu’il peut saisir par d’autres sens comme le toucher. Mais pour ce qui est des réalités qui proviennent uniquement de la vue, comme les couleurs par exemple, cela lui est inaccessible. Ainsi, un aveugle de naissance ne peut pas parler de la vue, en vérité. Il peut seulement essayer d’en parler. Peut être il sera même capable de donner quelques descriptions correctes, mais seulement pour ce qui est en lien avec ce qu’il peut percevoir avec ses autres sens. Mais il ne peut pas connaître la vérité en ce qui concerne la vue, et encore moins enseigner quelqu’un correctement en ce qui concerne la vue… Il en va de même pour toutes les réalités spirituelles dont parle la Bible: on ne peut parler véritablement que de ce que nous savons réellement.
Le fait de ne pouvoir parler que de ce que nous savons réellement est important à savoir. C’est important pour soi-même, afin de grandir avec humilité dans la connaissance de Dieu et des choses de Dieu. Mais c’est encore plus important lorsqu’on enseigne les autres, mais aussi lorsqu’on entend d’autres personnes qui nous enseignent. Parce qu’on peut se retrouver en face d’enseignants, ou être nous-mêmes des enseignants qui « se posent en enseignants de la Loi (ou l’Evangile) mais, au fond, ils ne comprennent ni ce qu’ils disent, ni les sujets sur lesquels ils se montrent si sûrs d’eux-mêmes » (1 Timothée 1:7 BDS). C’est d’autant plus important d’en avoir conscience pour celui qui est « jeune dans la foi », s’il ne veut pas être ballotté comme une barque par les vagues, et emporté çà et là par le vent de toutes sortes d’enseignements, à la merci d’hommes habiles à entraîner les autres dans l’erreur (cf. Ephésiens 4:14). Paul, parce qu’il savait réellement de quoi il parlait, pouvait discerner facilement que certains enseignants ne comprenaient pas ce qu’ils disaient, ni les sujets sur lesquels ils se montraient si sûrs d’eux-mêmes. Chacun ne peut parler que de ce qu’il sait réellement. C’est valable pour tous les croyants, et tous ceux qui enseignent les autres ne font pas exception à cette vérité. Chacun va donc parler en fonction de ce qui est issu de sa propre expérience. Mais personne ne peut parler correctement et précisément de ce qui est en dehors de son propre vécu. Par exemple, celui qui n’a pas goûté à certaines réalités du règne de Dieu aura tendance à en parler comme quelque chose qui ne fait pas partie de la réalité présente, d’autant plus si cela fait de nombreuses années qu’il s’est tourné vers Dieu à travers Jésus-Christ. Typiquement, il aura tendance à affirmer que ces réalités ne sont pas pour le monde présent. Il donnera des explications autour des textes bibliques de manière à ce que cela corresponde à sa propre expérience, à ce qu’il a vu, à la réalité qu’il connaît parce que c’est ce qu’il vit et beaucoup d’autres aussi autour de lui. Il lira les textes bibliques avec les lunettes de son expérience, alors il pourra difficilement en parler autrement. Il aura tendance par les explications qu’il donne, à justifier la réalité qu’il expérimente et à se rassurer ainsi dans son propre vécu. Et de manière générale, tous ceux qui ont la même expérience que lui et vivent la même réalité, auront tendance à approuver son enseignement, parce que c’est également leur expérience. Les seuls qui désapprouveront l’enseignement d’une telle personne sont ceux qui vivent au quotidien les réalités du règne de Dieu que l’enseignant prétend ne pas être pour le monde présent. Ceux qui ont déjà vu d’autres croyants vivre ces réalités du règne de Dieu, mais ne le vivent pas eux-mêmes, auront probablement certaines réserves quant aux affirmations d’un tel enseignant, ou seront partagés, ne sachant que croire. Ceci laisse déjà apparaître que:
L’expérience seule n’est pas la garantie de la vérité.
Et ceci ne dépend pas du nombre de personnes qui expérimente la même chose. Il faut peut être préciser que ce qui est en question, ce n’est pas l’authenticité du vécu d’une expérience, mais la prétention de ce vécu comme la seule réalité possible à chacun dans le monde présent. Par exemple, certains peuvent prétendre que le monde spirituel n’existe pas et l’affirmer avec conviction parce qu’ils n’ont jamais fait l’expérience, ni vu de leur propre yeux, quelque chose qui pourrait mettre en doute cette affirmation. C’est leur vécu personnel, leur expérience. Leur vécu est réel, il est la vérité s’ils ne mentent pas en ce qui concerne leur vécu. Mais ce qu’ils prétendent est-il la vérité? Non, et ceux qui expérimentent au quotidien les réalités du monde spirituel le savent. Ils peuvent dire que ces autres gens ne savent pas de quoi ils parlent. Alors comment savoir si ce que quelqu’un prétend à partir de son expérience, correspond à la vérité dont parle la Bible? Comment savoir si l’interprétation de textes bibliques que quelqu’un utilise pour enseigner, et que son expérience semble confirmer, correspond effectivement à la vérité?
Déjà et premièrement, en cherchant véritablement ce que la Bible dit. Dieu éclairera toujours celui qui cherche la vérité. Le Saint-Esprit joue d’ailleurs un rôle fondamental dans cette recherche. La vérité de Dieu qui est en Christ permet d’examiner les choses pour parvenir à avoir du discernement face aux enseignements qu’on peut entendre, ou que l’on donne nous-mêmes. Il y a de nombreuses caractéristiques données par la Bible qui sont propres à la vérité et que seule la vérité produit. Il est donc important de savoir ce que la Bible dit. La question fondamentale à se poser est de savoir comment ces caractéristiques sont produites? Et de chercher les réponses que la Bible donne à ce sujet. Parallèlement, comment savoir alors que l’on a bien compris ce que la Bible dit? La réponse est dans la caractéristique suivante, intrinsèque et unique à la vérité: la cohérence de l’ensemble. La vérité tout entière a des réponses cohérentes à toutes les questions. Ce qui appartient à la vérité est cohérent.
La vérité est cohérente.
Des explications, concernant des textes bibliques et certaines thématiques, qui ne correspondent pas à la vérité seront forcément incohérentes dans l’ensemble de ce que la Bible dit sur ces thématiques. Car seule la vérité est cohérente totalement. Et le vécu doit lui aussi être inclus dans la cohérence avec ce que la Bible dit. Le défi est que la tendance naturelle de celui qui est au stade d’enfant dans la foi est de chercher l’approbation des autres. Sa tendance est de chercher des gens qui vivent les mêmes choses que lui, qui croient les mêmes choses que lui, et de se rassurer de cette manière concernant ce qu’il croit. Ceci peut sembler sage à priori, car s’appuyer sur ceux qui ont plus de vécu dans la foi n’est pas une mauvaise chose en soi. Le problème c’est lorsque ceux qui entourent les enfants dans la foi, et qui enseignent les autres parce qu’ils ont un plus long vécu et un certain niveau d’études, sont eux aussi à un stade d’enfant dans leur union avec le Christ. Ils pourront difficilement en avoir conscience s’ils pensent que c’est leur nombre d’années, leur sagesse aux yeux du monde et leur niveau d’études qui qualifient la maturité. Ainsi, ils vivent dans l’illusion d’être mature dans la foi. Le stade de maturité dans l’union avec le Christ doit être évalué en fonction des caractéristiques bibliques de cette maturité et non en fonction des principes de ce monde avec sa sagesse humaine. La sagesse du monde est liée à l’expérience du monde avec les caractéristiques du monde. La sagesse qui est en Christ est liée à l’expérience de Dieu et de son royaume avec les caractéristiques qui lui sont propres. Sans l’union avec le Christ cette sagesse ne peut pas être acquise car « En lui (Christ) se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Colossiens 2:3 BDS).
En général, un enseignant qui est encore au stade d’enfant présente rarement les clés pour chercher à connaître la vérité dans les Ecritures, et encore moins comment déceler les mensonges dans ce qu’on croit et dans ce qui est enseigné. Mal équipé lui-même pour grandir dans la connaissance de la vérité, il ne peut pas donner aux autres ce qu’il n’a pas. Celui qui est au stade d’enfant dans l’union avec le Christ, aura tendance à chercher l’approbation des autres pour vérifier ce qu’il croit, et à se plier à leur compréhension si ces autres sont considérés comme matures par la majorité ambiante, ou sages aux yeux des autres. A noter: la foi apparaît souvent comme folie à l’esprit du monde et à la sagesse humaine qui est basée sur les principes de ce monde. Pourtant, la foi alignée sur la Parole véritable de Dieu, Christ, est la véritable sagesse qui vient de Dieu. Cette sagesse de Dieu a pour conséquence une vie semblable à Christ, avec la même confiance dans le Père qu’il avait, et les mêmes œuvres qu’il a faites. A cause de la confusion en ce qui concerne la sagesse, par ignorance de ce que disent les Écritures, la sagesse du monde est alors souvent perçue faussement comme une maturité dans la foi par ceux qui sont encore au stade d’enfant, peu importe leur nombre d’années de leur vécu dans la foi.
En général, celui qui est au stade d’enfant connaît rarement les caractéristiques bibliques de la maturité spirituelle. En conséquence, il ne discernera pas sa propre immaturité spirituelle ni celle des autres. L’approche qui consiste à chercher l’approbation des autres pour se rassurer dans ce qui est cru a le potentiel d’empêcher de grandir dans la foi, et d’empêcher de sortir du stade d’enfant dans l’union avec le Christ. Quelqu’un qui connaît uniquement le stade d’enfant et qui n’a jamais vu à quoi ressemble le stade d’adulte, ne pourra pas parler de ce qu’est le stade d’adulte. Il ignore ce qu’est la réalité d’adulte dont parle les Écritures, notamment par les écrits de Paul et Jean. C’est important d’avoir conscience de ces choses parce que cette vérité est valable pour chaque individu. C’est aussi pour cette raison qu’il est vital d’examiner tout enseignement en fonction de ce que disent véritablement les Écritures. Celles-ci donnent certaines caractéristiques qui correspondent au stade d’enfant, ou à celui de jeune gens et à celui d’adulte. Mais celui qui est au stade d’enfant, même s’il enseigne pourtant les autres, en général ne les connaît pas ou n’y est pas attentif, en sorte que ces caractéristiques n’entrent pas dans son évaluation de la maturité, ni pour lui-même, ni pour les autres. Il a tendance à juger de sa maturité dans la foi en fonction d’une sagesse tout humaine modelée par le monde actuel, sans même en avoir conscience. Sa manière de penser est en grande partie alignée avec la pensée du monde et non avec la pensée de Christ.
A suivre…