(voir l’introduction)
En français, juger signifie prononcer une sentence à propos de quelqu’un ou d’une affaire. Il inclue aussi la notion d’évaluer la valeur de quelqu’un selon certains critères afin de les classer et de décider à leur sujet. Le terme grec original est krino qui signifie séparer, mettre en morceaux, démonter, choisir, sélectionner. Ainsi, lorsque quelqu’un prononce une sentence à propos de quelqu’un, il y a une séparation, une sélection. Le terme grec traduit par jugement est krisis qui signifie séparation, il inclut le sens de décision donnée concernant toute chose.
Exemples:
- « Le Père ne juge (krino) personne, mais il a remis tout jugement (krisis) au Fils » (Jean 5:22 NEG79).
- « Vous jugez (krino) selon la chair; moi, je ne juge (krino) personne » (Jean 8:15 NEG79).
- « Ne jugez (krino) point, et vous ne serez point jugés (krino); ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés; absolvez, et vous serez absous » (Luc 6:37 NEG79).
- « Je vous le dis: au jour du jugement (krisis), les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront proférée » (Matthieu 12:36 NEG79).
- « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement (krisis), mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5:24 NEG79).
- « Cependant je vous dis la vérité: il vous est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le consolateur ne viendra pas vers vous; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai. Et quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement (krisis): en ce qui concerne le péché, parce qu’ils ne croient pas en moi; la justice, parce que je vais au Père, et que vous ne me verrez plus; le jugement (krisis), parce que le prince de ce monde est jugé (krino) » (Jean 16:7-11 NEG79).
Explication:
- Jésus a enseigné et démontré que le Père ne juge personne. Juger a le sens de séparer. Le Père ne sépare lui-même personne, mais la séparation existe et se produit par l’œuvre de l’adversaire à travers de fausses manières de penser qu’il a induites et qu’il suggère. Jésus n’a séparé/rejeté lui-même personne, mais les gens se séparent eux-mêmes de Jésus, et/ou les uns des autres, en fonction de leur écoute des paroles de Jésus et/ou de leur rejet de ses paroles (voir Jean 6) et de sa personne. En d’autres termes, la séparation se produit parmi les hommes par le rejet de la vérité, ou l’ignorance de celle-ci. D’ailleurs Jésus a dit aux douze disciples, alors que d’autres venaient de le quitter : « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous les douze? Et l’un de vous est un démon. Il parlait de Judas Iscariot, fils de Simon; car c’était lui qui devait le livrer, lui, l’un des douze » (Jean 6:70-71 NEG79). La symbolique du nombre 12 signifie l’intégralité, et Jésus a même mis en évidence ici qu’il a aussi inclut quelqu’un dont il savait pourtant qu’il allait le livrer. Et nul part dans les évangiles nous voyons Jésus traiter Judas différemment des autres disciples, ni le séparer/rejeter, et ce même malgré le fait que Judas volait dans la bourse commune (cf. Jean 12:6) et allait le trahir. Au contraire, Jésus a été glorifié dans le fait même de ne pas rejeter Judas à aucun moment, mais de partager le pain avec lui (cf. Jean 13:30-31). Jésus a ainsi démontré que le Père ne rejette lui-même personne. Tout ce que le Père fait, le Fils le fait également (cf. Jean 5:19). Mais Judas s’est séparé lui-même de Jésus, se condamnant lui-même par de fausses manières de penser modelées par l’adversaire, allant jusqu’à mettre fin à sa propre vie. L’adversaire est le père du mensonge et le meurtrier dès le commencement (cf. Jean 8:44). Les hommes se séparent eux-mêmes de Dieu lorsqu’ils sont conduits par la même manière de penser que l’adversaire qui est le père du mensonge et le meurtrier dès le commencement. Mais le Père ne juge/sépare personne.