S’il y a une notion du caractère de Dieu qui est souvent mal comprise, c’est celle de sa Sainteté. Dieu est Amour et sa Sainteté est une conséquence du fait d’être amour (voir aussi L’Amour: caractéristique essentielle de qui est Dieu). Il n’y a aucun mal dans l’amour, l’amour ne trame pas le mal (cf. 1 Corinthiens 13:5). L’Amour est dépourvu du mal car le mal ne trouve aucun accès dans l’amour, et Dieu ne tente/éprouve personne (cf. Jacques 1:13). En réalité:
L’absence de mal est ce qui caractérise la sainteté.
La sainteté est à l’opposé du mal, elle est à l’opposé de ce qui est du péché. Aussi, la tendance naturelle de la pensée humaine, c’est de vouloir prendre le caractère Saint de Dieu pour le faire pointer le mal et le punir. Mais ce qu’on observe, dès la première désobéissance de l’homme en Eden, c’est un Dieu qui s’approche de l’homme, qui le cherche, alors que celui-ci se cache à cause de la honte qui l’habite à cause de sa faute (cf. Genèse 3:8-13). Bien qu’il sache déjà ce qu’il s’est passé, Dieu montre que de son côté la relation n’est pas brisée. Il pose des questions sans pointer la faute et laisse l’homme lui répondre. Au milieu des conséquences de la désobéissance de l’homme, Dieu montre de suite son désir de pourvoir à ce qui est nécessaire pour couvrir la honte que l’homme ressent. Celui qui détenait le pouvoir de la mort (cf. Hébreux 2:14) a pu agir dans ce monde, une fois qu’Adam s’est placé sous le pouvoir de son autorité, en plaçant sa confiance dans celui qui est le meurtrier et le père du mensonge (cf. Jean 8:44). Les animaux sont les premières victimes de la mort, le meurtrier a frappé dès qu’il a pu. Mais Dieu, celui qui est la vie, en fait des vêtements de peaux à Adam et Eve (cf. Genèse 3:21), afin de couvrir leur honte. Dès le commencement, Dieu a démontré sa grâce et son désir de prendre soin de l’homme, et de supprimer le sentiment de honte et de culpabilité, afin que l’homme place sa confiance en Lui et ne soit pas sous le pouvoir de l’autorité du voleur, celui qui vient pour voler, pour tuer, pour détruire (cf. Jean 10:10). Il y avait déjà là une manifestation du caractère de Dieu, de la vérité qu’il a clairement démontrée en Christ. Car Dieu ne change pas. Il y avait déjà en Eden, cette réalité du besoin de se revêtir de la vérité qui a été démontrée une fois pour toute en Christ (cf. Romains 13:14, Galates 3:27). C’est la vérité au sujet de Dieu qui enlève la honte de la désobéissance, par une démonstration de grâce qui est l’expression de l’amour véritable.
Dieu ne change pas, il reste le même. Ce qu’on observe par exemple à la sortie d’Egypte, c’est un peuple qui râle sans cesse, s’en prend à Moïse pour se plaindre de leur situation, et pourtant Dieu, lui, ne les reprend pas. Il leur montre son amour et sa grâce en prenant soin d’eux, sans tenir compte de leur rébellion, ni même la mentionner. Dans le livre des Nombres au chapitre 20, il y a un épisode où Dieu démontre clairement ce que sa sainteté signifie, comment elle se manifeste et l’importance qu’il y attache.
« Le premier mois de l’année, toute la communauté des Israélites parvint au désert de Tsîn… L’eau vint à manquer. Alors le peuple s’attroupa pour s’en prendre à Moïse et Aaron. Ils s’en prirent à Moïse et lui dirent: Ah! Si seulement nous étions morts quand nos compatriotes ont péri devant l’Eternel! Pourquoi avez-vous mené la communauté de l’Eternel dans ce désert? Pour nous y faire mourir, nous et notre bétail? Pourquoi nous avez-vous fait quitter l’Egypte et venir dans ce lieu de misère? Ici on ne peut rien semer! Il n’y a ni figuier, ni vigne, ni grenadier. Il n’y a même pas d’eau à boire!
Moïse et Aaron s’éloignèrent de l’assemblée pour se diriger vers l’entrée de la tente de la Rencontre où ils se jetèrent face contre terre. Alors la gloire de l’Eternel leur apparut. L’Eternel parla à Moïse et lui dit: Prends ton bâton et, avec ton frère Aaron, rassemblez la communauté. Devant eux, vous parlerez à ce rocher pour qu’il donne son eau. Ainsi tu feras jaillir pour eux de l’eau du rocher, et tu donneras à boire à la communauté et au bétail. Moïse prit le bâton qui se trouvait devant l’Eternel, comme celui-ci le lui avait ordonné. Moïse et Aaron convoquèrent l’assemblée devant le rocher désigné; et Moïse leur dit: Ecoutez donc, rebelles que vous êtes! Croyez-vous que nous pourrons faire jaillir pour vous de l’eau de ce rocher? Moïse leva la main et, par deux fois, frappa le rocher avec son bâton. L’eau jaillit en abondance. Hommes et bêtes purent se désaltérer. Mais l’Eternel dit à Moïse et à Aaron: Vous ne m’avez pas été fidèles et vous n’avez pas honoré ma sainteté aux yeux des Israélites. A cause de cela, vous ne ferez pas entrer cette assemblée dans le pays que je leur destine. » (Nombres 20:1-12 BDS)
Dans ce passage, on voit que Dieu ne demande pas à Moïse de dire quoi que ce soit à son peuple, ni même concernant leur rébellion, mais de montrer simplement sa puissance et sa bonté qui prend soin de leurs besoins. Il dit à Moïse de se tenir devant le peuple avec son bâton, qui est le symbole pour le peuple de l’autorité que Dieu lui a déléguée, et il lui dit de parler au rocher. Mais au lieu de faire ce que Dieu a demandé, Moïse (et Aaron qui était le porte-parole de Moïse pour le peuple) traite le peuple de rebelle, il pointe leur faute et les accuse. Malgré la désobéissance de Moïse, l’eau jaillit en abondance du rocher, car l’Éternel désire bel et bien abreuver le peuple et prendre soin d’eux. Mais le reproche de l’Éternel envers Moïse et Aaron est direct, et la conséquence est importante.
Dieu qualifie d’infidélité envers sa personne le fait de condamner en son nom au lieu de montrer sa grâce, et il appelle cela « ne pas honorer sa sainteté ».
La conséquence de cette infidélité à Dieu est que Moïse et Aaron n’ont pas fait entrer le peuple en terre promise. Cet épisode nous montre l’importance que Dieu attache à sa grâce, faveur imméritée, qui est l’expression de sa Sainteté.
Dieu n’a pas changé. Jésus, qui est la vérité, a démontré une fidélité à la sainteté de Dieu dans toutes ses œuvres et ses paroles, et il a dit lui-même: « En effet, Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour condamner le monde, mais pour qu’il soit sauvé par lui » (Jean 3:17 BDS). Et ce n’est pas surprenant que Jésus ait dit, à ceux dont la manière de penser était modelée par les prescriptions de Moïse: « Ne pensez pas que moi je vous accuserai devant le Père; celui qui vous accuse, c’est Moïse, en qui vous avez mis votre espérance » (Jean 5:45 NEG79).
Il y a dans cet épisode de Nombres 20, un principe qui demeure aujourd’hui: pointer et condamner les fautes au nom de Dieu, au lieu de démontrer et témoigner de sa grâce, empêche d’entrer dans les promesses de Dieu. Cela empêche ceux qui appartiennent à Dieu de prendre possession de l’héritage qu’il a promis en Christ, et il en est de même pour celui qui ne vit pas la grâce pour lui-même. Avec cette infidélité à Dieu concernant sa Sainteté, de la part de ceux qui conduisent et/ou enseignent le peuple, le cœur de ceux qui appartiennent à Dieu ne peut jamais être pleinement transformé. Parce que l’image de Dieu qui leur est transmise est celle de la condamnation au lieu de la grâce (voir aussi Le cœur est affermi par la grâce). Cela a été la problématique de Moïse, durant tout son ministère, qui est d’ailleurs appelé par Paul « le ministère de la condamnation ». « Le ministère de Moïse, au service de la Loi, dont les lettres ont été gravées sur des pierres, a conduit à la mort. Cependant, ce ministère a été glorieux, au point que les Israélites n’ont pas pu regarder Moïse en face, à cause de la gloire, pourtant passagère, dont rayonnait son visage. Mais alors, le ministère au service de l’Esprit ne sera-t-il pas bien plus glorieux encore? En effet, si le ministère qui a entraîné la condamnation des hommes a été glorieux, combien plus glorieux est celui qui conduit les hommes à être déclarés justes par Dieu! » (2 Corinthiens 3:7-9 BDS). Paul relève le fait que le visage de Moïse rayonnait de la gloire de Dieu. Cette gloire venait du temps passé avec l’Éternel. Mais elle était passagère, cette gloire disparaissait lorsque Moïse allait vers le peuple… sans doute à cause de la condamnation et l’absence de grâce avec laquelle Moïse conduisait le peuple. Mais la gloire de ceux qui amènent les hommes à être rendus justes, pour mener une vie juste et sainte, par une démonstration de la grâce en Jésus-Christ, cette gloire-là n’est pas passagère.
Dans Exode 17, une quarantaine d’années avant l’épisode de Nombres 20, il y avait déjà eu une situation similaire où le peuple s’était plaint. Dieu n’avait pas non plus pointé l’attitude du peuple, mais il avait dit à Moïse: « Passe devant le peuple et emmène avec toi quelques responsables d’Israël. Prends à la main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil et va! Quant à moi, je vais me tenir là devant toi sur un rocher du mont Horeb; tu frapperas le rocher, de l’eau en jaillira et le peuple pourra boire. Moïse fit ainsi en présence des responsables d’Israël » (Exode 17:5-6 BDS). En se tenant sur le rocher pour être frappé, il y avait déjà là une démonstration de l’amour de l’Éternel qui prend lui-même les coups que Moïse aurait certainement préféré donner au peuple. Et il y avait déjà là aussi une démonstration que Dieu est la source d’eau vive. C’est ce que Paul souligne aux Corinthiens: « Ils ont tous bu la même boisson spirituelle, car ils buvaient de l’eau jaillie d’un rocher spirituel qui les accompagnait*; et ce rocher n’était autre que le Christ lui-même » (1 Corinthiens 10:4 BDS). Un parallèle avec le Christ que nous montre Exode 17 et Nombres 20 peut faire place à l’illustration suivante: puisque le rocher (le Christ) a pris les coups sur lui-même (à la croix) pour les fautes du peuple, il ne faut plus frapper le rocher en pointant les fautes du peuple, car cela est une infidélité à Dieu et s’appelle déshonorer la Sainteté de Dieu. Christ vit dans chaque croyant en Lui, et par la foi le croyant est un avec Christ, il est son corps et l’ensemble des croyants fait un seul corps: le corps de Christ (cf. Galates 2:20, 1 Corinthiens 12:27, Ephésiens 3:17). Jésus a dit à Saul (avant qu’il devienne Paul) qui persécutait les chrétiens: « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?… Je suis, moi, Jésus, que tu persécutes » (cf. Actes 9:4-5). Ainsi, ce qui est fait (ou dit) à ceux qui ont la foi en Christ, c’est à Jésus et à Dieu lui-même que cela est fait (cf. Luc 10:16).
Aujourd’hui, tous ceux qui appartiennent à Dieu, par la foi en Christ et le sceau de son Esprit, sont à l’image des « prêtres » de la loi de Moïse (cf. 1 Pierre 2:5, Apocalypse 1:6). Ce que Dieu désire de la part de ceux qui conduisent son peuple, mais aussi de tous ses « prêtres » que sont chaque croyant, c’est qu’ils montrent sa grâce au peuple en s’adressant au rocher (le Christ), et ce devant le peuple pour qu’il en sorte de l’eau vive, afin que les hommes soient abreuvés par cette eau vive et goûte à la grâce de Dieu. C’est ainsi que ses « prêtres » (tout disciple de Jésus), et ceux qui conduisent le peuple de Dieu en particulier, feront entrer son peuple dans les réalités que Dieu a promise en Christ.
* Paul dit que le rocher accompagnait le peuple, parce qu’il y avait eu deux événements similaires à une quarantaine d’années d’intervalle.