La lettre aux Galates est la seule lettre où Paul n’exprime aucune louange pour la foi de ses destinataires. Même aux Corinthiens, chez qui il y avait pourtant des problèmes d’orgueil, de division et même un cas d’inceste dans l’assemblée, il exprime « je ne cesse d’exprimer ma reconnaissance à mon Dieu à votre sujet… » (1 Corinthiens 1:4-9 BDS). Mais aux Galates, rien de cela, aucune louange, il les reprend directement: « Je m’étonne de la rapidité avec laquelle vous abandonnez celui qui vous a appelés par la grâce du Christ, pour vous tourner vers un autre message… » (Galates 1:6-8 BDS)
Ce qu’il se passait chez les Galates qui suscitait une réaction de Paul qui semble assez directe, c’est qu’un mélange entre la grâce et les prescriptions de Moïse prenait place au milieu d’eux comme si la grâce seule, démontrée en Jésus-Christ, ne pouvait pas sauver mais qu’il fallait aussi accomplir les prescriptions de Moïse pour ce faire. C’est probablement là le plus gros drame de beaucoup de croyants aujourd’hui: Ils commencent sous la grâce en Jésus Christ et la mélange petit à petit avec un fonctionnement sous la loi de Moïse. Comment cela se produit-il aujourd’hui alors que beaucoup de croyant savent qu’ils ne sont plus sous le régime de la loi de Moïse à cause de ce que Christ a démontré, et de plus parce qu’ils regardent à la croix avec les lunettes des prescriptions de Moïse en matière de sacrifice ? (Malgré le fait que Christ a démontré que l’idée des sacrifices n’est pas conforme à l’Esprit de Dieu). Il est toujours bon de se rappeler que:
La loi de Moïse est un fonctionnement au mérite et la grâce en est précisément l’opposé !
A noter, par loi de Moïse, il faut entendre les prescriptions qu’il a données en marge du décalogue qui est, lui, la Loi de l’Éternel (gravée sur des pierres) que Christ a confirmée. Le mélange de la grâce et de la loi de Moïse est à comprendre comme le mélange de grâce et de mérite. Ce mélange est souvent révélé par des expressions du genre: « oui, mais nous devons quand même faire notre part… », avec l’idée que notre part est quelque chose à faire, alors que notre part c’est la foi, et que lorsque la croyance est correcte et conforme à la vérité qui est en Christ les œuvres en découlent naturellement à son image. Ce mélange se produit lorsqu’on vit comme sauvé par la grâce à cause de Christ pour ce qui est de l’éternité (l’après mort physique dans ce monde), mais qu’on vit dans le présent sans le moyen de la foi, sans changer la manière de penser et de comprendre les choses pour l’aligner sur la pensée du Christ. On vit alors dans l’illusion que Dieu fait parfois du favoritisme, ou que la faveur de Dieu est fonction de nos œuvres. Cela revient à croire que Dieu fonctionne au mérite, mais ce fonctionnement est contraire à l’amour, et Dieu est amour. Ce fonctionnement au mérite se traduit souvent par une justification personnelle en fonction des œuvres, par comparaison avec celles des autres, et par des jalousies quant à la manifestation concrète de la grâce de Dieu dans la vie des autres.
Voici ce que Paul dit aux chrétiens de Galates: « Vous qui cherchez à vous faire déclarer (dikaioo qui signifie aussi rendre juste) justes par Dieu en accomplissant la Loi (les prescriptions de Moïse), vous êtes séparés du Christ: vous n’êtes plus sous le régime de la grâce » (Galates 5:4 BDS). Dans une autre version: « Vous êtes séparés de Christ, vous tous qui cherchez à être considérés comme justes dans le cadre de la loi, vous êtes déchus de la grâce » (Galates 5:4 S21).
En d’autres termes, lorsqu’un croyant fonctionne au mérite, bien qu’ayant l’assurance de l’éternité avec Dieu (par la déclaration que Jésus est Seigneur et par la croyance dans le cœur que Dieu l’a ressuscité des morts – cf. Romains 10:9), il vit séparé du Christ et sans le bénéfice de la grâce ! En d’autres termes, un tel croyant vit livré à lui-même et sans la faveur de Dieu, et ce malgré ses prières adressées à Dieu et malgré ses efforts fournis (voir aussi La grâce: l’expression de l’amour inconditionnel de Dieu).
La partie du salut qui concerne la vie après la mort n’est pas remise en question ici*, mais la conséquence du fonctionnement au mérite est une vie où les caractéristiques de Christ ne sont pas manifestes dans le croyant et à travers lui. Ce fonctionnement engendre une vie où la faveur imméritée et « imméritable » que Dieu offre en Christ n’est pas présente dans toute sa plénitude, puisqu’un tel croyant n’est plus sous le régime de la grâce à cause de son fonctionnement au mérite. Il en résulte une vie semblable à l’homme livré à lui-même et ce indépendamment du nombre de prières et d’efforts… Et en général, puisqu’il y a un fonctionnement au mérite, et qui s’appuie même sur les commandements donnés par Jésus, le péché est alors plein de vie dans la vie d’un tel croyant (voir aussi Comment la grâce tue le péché). En résumé, ce fonctionnement au mérite prive de la partie du salut qui est pour le monde présent, et maintient ainsi le croyant au stade d’enfant… Il reste esclave du péché et sans le bénéfice de l’héritage en Christ (cf. Galates 4:1-11).
Ce mélange de grâce et de mérite produit généralement une certaine tiédeur chez le croyant, parce que le péché est plein de force par ce fonctionnement (cf. 1 Corinthiens 15:56). Parmi les différents symptômes se trouvent par exemple le sentiment de culpabilité avec une conscience chargée, l’expérience concrète de la condamnation, une vie de foi et une relation avec le Seigneur subissant facilement des hauts et des bas en fonctions de la qualité des œuvres et en fonction des circonstances. La grâce devient alors perçue comme une sorte de favoritisme de Dieu dont nous sommes parfois exclus selon son bon vouloir, ce qui amène des pensées fatalistes chez le croyant. Avec le mélange de grâce et de mérite, la Bonne Nouvelle (l’Évangile) ne l’est plus vraiment et devient amère, éteignant la paix et la joie que produit l’Évangile, et cela supprime également le désir bouillonnant de partager l’Évangile.
Ce qui est encourageant avec la compréhension de ce que produit le mélange de grâce et de mérite, c’est qu’il est simple à corriger… En cessant tout fonctionnement au mérite et en s’appuyant uniquement sur la bonté de Dieu démontrée en Christ, nous nous retrouvons totalement sous le régime de la grâce. Il s’agit de compter sur la bonté de Dieu uniquement parce qu’il est bon, et d’avoir une pleine confiance en Lui.
* A noter: les seules conditions à l’éternité avec Dieu demeurent « si de ta bouche, tu déclares que Jésus est Seigneur et si dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé, car celui qui croit dans son cœur, Dieu le déclare juste; celui qui affirme de sa bouche, Dieu le sauve » (Romains 10:9-10 BDS). Tous ceux qui feront appel au Seigneur seront sauvés. Dans ce chapitre 10 de Romains, Paul parle spécifiquement de la vie après la mort dans ce monde. Ce sont d’ailleurs ces deux conditions que le brigand sur la croix, indépendamment de ce qu’il mérite, a rempli en une seule phrase lorsqu’il a dit à Jésus : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras régner« . Cette parole montre que le brigand croyait dans son cœur que Christ allait revenir à la vie et qu’il est Celui qui règne. C’est ce qu’il démontre verbalement. A cette parole Jésus lui répond: « Vraiment, je te l’assure: aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23:41-43 BDS).